Enfoncement

Décembre 2006

Janvier 2007

Marie s’enfonce dans le mutisme. Elle ne parle presque plus. Ne délire même plus.
L’énorme liste des médicaments qu’elle reçoit ne m’a jamais été expliquée à moi, son père.
Sert-elle de cobaye ? Je n’ai jamais rencontré son psychiatre, M. Dujardin. J’ai vu une fois M.Buhrig. Le premier n’avait pas le temps. Le deuxième avait beaucoup de travail.
Je n’ai plus la force morale de chercher à les rencontrer.
Finalement, il y a aussi la tutelle qui revient à la mère de Marie.
Alors, que voulez-vous ?

Le traitement, peut-être, a fait de ma fille une muette, une autiste.
Cela, depuis le mois de décembre 2004 (où Marie subit un traumatisme jamais élucidé). Psychique ? Elle ne savait pas expliquer. Elle hurlait la nuit, elle commençait à hurler sans aucune raison visible, lors de nos promenades, le soir, quand nous rentrions au foyer.

Est-il possible, je me demande, à partir de la liste des médicaments, de conclure à une maladie ? A un problème précis de son psychisme ?
Est-ce possible de diagnostiquer le malaise d’une personne qui ne peut rien raconter de ses souffrances ? Ni ce qu’elle ressent ? Sans en avoir parlé, même une seule fois, à son père ?
Quelle serait la raison médicale, enfin, de ces traitements, pour une personne qui ne s’exprime pas et que les médecins, tous deux extérieurs au foyer, ne peuvent même pas observer cliniquement ?

A vrai dire, je ne sais pas quoi faire.
Je sonne mon petit tocsin car je sens qu’une personne est en danger. De plus, il s’agit de ma fille.