Sunday, June 26, 2011

Etre handicapé en France








Un chaton pour Marie Bokov !

Chez Marie le 18-19 juin 2011. Le 18 au coucher elle fait une grande crise : elle hurle, pleure, appelle maman au secours, essaye de déchirer ses vêtements… Je reste interdit… ça impressionne même les monitrices quoique habituées aux imprévus des handicapés…
J’apprends l’existence d’une psychologue Brigitte qui travaille avec les résidents du foyer de Verneuil-sur-Avre. Nous cherchons à comprendre ce qui se passe, disent les monitrices…
Essayons, vraiment… Marie a 35 ans passés… par sa nature, très ouverte, coopérante, joyeuse, optimiste… Elle est placée à Verneuil depuis plus de 20 ans… Sa chambre se trouve au fond d’un long couloir… La nuit elle est seule… seule, elle n’arrive pas à allumer la lumière ni la radio ou la TV. Personne à qui dire un mot ou tout simplement entendre la respiration de quelqu’un qui dort. Pas un chat – justement, les animaux sont interdits… pour le bien des fonctionnaires de la santé publique, par principe de précaution… Un seul chat appartenant à une résidente est mort depuis cinq ou six ans, et il est interdit de le renouveler…
Marie se bat pour la vie, bien sûr. Seule dans son lit pendant toute sa vie – et vous, médecins et psy, vous aussi ? – elle se parle à elle même, pour avoir un peu de compagnie… Parfois, ça n’aide pas… Alors, elle hurle… malgré son lexomile… Elle réveille tout le monde car elle n’a pas d’autre choix… on l’a laissé seule devant le problème qui peut être grave même pour un adulte bien-portant…
Si un fonctionnaire de la santé publique se sent seul au point de tomber malade que fait-il ? Il va chez des connaissances… il dispose de gestes à faire… il se dote d’un petit chat ou d’un petit chien mignon… C’est d’ailleurs conseillé. La TV est pleine d’émissions sur les bienfaits d’animaux de compagnie. On apprécie ces émissions au foyer de Verneuil, on écoute volontiers les conseils sur les bienfaits des animaux, on le sait par l’expérience !
Seulement, ce que peuvent se proposer les fonctionnaires de la Santé publique, ils interdisent aux handicapés. Les fonctionnaires français n’ont pas peur d’être nommés tortionnaires, personne n’a de tribune pour cela. Et voilà, je les nomme. Dieu merci, l’internet existe.
Pour appuyer leur indifférence au problème de faim émotionnel des handicapés, on raconte des fables : madame Peduzzi, la fondatrice du foyer de Verneuil il y a 30 ans, était, au contraire, la partisane des animaux. – Vous savez combien il y avait des chats à l’époque ? – Combien ? – Vingt ! Voir, trente !
Vingt ou trente, enfin ? Peut-être, six ou sept seulement ? Six ou sept chats de l’époque de Madame Peduzzi, pourquoi ça rend impossible un chat pour Marie Bokov ?
Parce que ce n’est pas vous qui êtes cloués à votre lit, ce n’est pas vous qui, dans votre solitude, hurlez sans pouvoir même de vous jeter par la fenêtre.