Monday, April 30, 2007

On est cuit

Ça devait arriver un jour. Je le craignait parfois surtout quand Marie prenait du poids. Mettant Marie dans la voiture, crac ! quelque chose a bougé dans mon bassin. Le jour suivant, je me levait difficilement, deux jours plus tard, je ne le pouvait plus.
Aux urgences, le médecin a jeté un coup d’œil et s’est mis à table, pour écrire les ordonnances. Il s’est révélé que son nom était Lévesque. « Priez pour moi, Docteur ! » lui dis-je en guise d’au revoir. Il s’est éclaffé.
Lumbago. Voilà que tout mon système s’écroule. Fini nos sorties avec Marie plus loin que Verneuil-sur-Avre. Et puisque sa mère ne la sorte pas non plus, alors le monde de Marie se serre encore. Depuis 15 ans elle est là, avec des courtes pauses, certes.
On est cuit.

Thursday, April 19, 2007

Marie, récemment

Notre promenade

Tout au long de ce clip j’essaie de faire parler Marie mais en vain. Ensuite, je la fais regarder ce petit film et une chose étrange se produit : elle réagit, elle répond à mon bonjour enregistré ! Comment expliquer la chose ? Est-ce la télévision qui, occupant une place énorme dans son quotidien, est devenue l’interlocuteur et le compagnon principal… Elle s’est approprié beaucoup des slogans publicitaires qu’elle répète dans son délire.

Marie, à l'église de la Madeleine

Thursday, April 05, 2007

Un peu de… philosophie ?.. comparative ?

Au début du mois de mars, j’ai eu le plaisir d’aller au séminaire du docteur Françoise Gorog, à l’hôpital de Sainte-Anne à Paris, intéressant non seulement pour les étudiants et les chercheurs établis mais aussi pour des amateurs et écrivains dont je suis. L’invité du lundi 5 mars, était Olivier Douville, les réflexions gravitaient autour du thème de l’exile et de l’ancestrale. Entre autre, F.Gorog raconta son voyage à Costa Rica, pour une conférence internationale sur la psychiatrie. Il y avait une sortie pratique sur le terrain où les participants devaient faire un long voyage à cheval pour atteindre le village d’origine du malade en observation, pour pouvoir rencontrer sa famille… C’était très intéressant à écouter et à comprendre à quel point le psychisme individuel est lié avec celui des autres, c’est comme un tissu, un toile à mille fils !

Puis je suis retourné à la réalité quotidienne française de ma fille qui décline visiblement depuis deux ans et trois mois, avec des souffrances et des troubles d’apparence psychique, le cas semble très difficile puisque la malade ne sait même pas parler de ses souffrances ni exprimer ses sensations, qu’aucun psychiatre ne l’a observé à l’hôpital, et aucun neurologue ne s’est intéresse aux parents tous proches… même à portée de téléphone !

L’aventure et la routine sont à l’opposé, certes. Si j’étais médecin et psychiatre, je serais attiré par le cas de Marie, par ce bouquet étrange de problèmes : fille handicapée d’exilés, de parents divorcés, souffrant de crises dites épileptiques, très coopérative cependant, toujours dans le même centre depuis 15 ans, menant une vie intérieure mystérieuse qui la poussa à faire deux « fugues », avec son fauteuil électrique pour aller où, pourquoi, chercher quel refuge ?.. avant de plonger dans son mutisme et sa dépression.

Monday, April 02, 2007

Sortie le 25 mars

Le plaisir d’un contact humain avec Laetitia Mony, directrice adjointe de l’Arche, le mardi 27 mars. Elle dit que certaines photos sur mon blog prêtent à confusion, par exemple celle avec les murs tagués. Je précise volontiers que la photo a été prise dans la ville de Verneuil, de l’intérieur de l’ancien lavoir publique, et pas du tout au foyer de l’Arche. Aujourd'hui, Marie est très différente.

Une autre correction : M. Dujardin n’est pas psychiatre, mais neurologue. C’est important, bien sûr. D’ailleurs, le médecin traitant de Marie s’appelle M. Buhrig, il est aussi chiropraticien et très apprécié par ses patients.
Quant au déclin de Marie, dit Laetitia Mony, il faut penser au vieillissement prématuré, naturel chez les handicapés.

De cet échange il apparaît que jamais un psychiatre n’a été consulté depuis décembre 2004, où les troubles nouveaux de Marie (hurlements soudains le jour comme la nuit) ont commencé !
D’ailleurs, j’ai essayé d’attirer l’attention de M. Buhrig sur l’anormalité de la situation, dans une lettre qui figure ici. Ni lui, généraliste et chiropraticien, ni le neurologue ne s’adressèrent à un psychiatre.
Faut-il parler de dysfonctionnement, dans le cas de Marie ?
Aujourd'hui, Marie est très différente.
A l’époque de cette photo heureuse j’avais l’idée d’essayer «un apprentissage par imitation tardive», observant que Marie n’arrivait pas à conduire son fauteuil électrique. Pour la réaliser il me faudrait un deuxième fauteuil qui serait conduit par l’un des parents ; ainsi l’enfant handicapé serait rassuré en voyant son père dans un état semblable au sien, et l’imitation inconsciente pourrait se déclencher, comme d’ailleurs pour n’importe quel apprentissage de la prime enfance. On apprend sans s'en rendre compte.
La directrice d’alors, Madame Goodwin, avait donné son accord ; j’avais besoin, pour mes quelques séances, d’un deuxième fauteuil ; on ne le trouva pas, et mes recherches pour en louer un n’avaient pas abouti. C’est dommage, car dans mon hypothèse, « tout colle », reste à vérifier en pratique. Peut-être que d’autres parents, dans une situation semblable, seront mieux équipés pour la tester.

Sunday, April 01, 2007

Lettre à M. Buhrig le 6 4 05

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