pour la vie de Marie B.
Tuesday, May 27, 2014
Monday, May 19, 2014
Thursday, May 08, 2014
façon intelligente de donner les médicaments: celle de l'hôpital de Verneuil sur Avre
Trois fois
par jour, Marie reçoit des médicaments.
Trois fois
par jour, une monitrice broie et mélange de 5 à 8 comprimés et pilules.
Trois fois
par jour, on fait avaler cette poudre à Marie.
Ce n’est pas
agréable au goût, vous l’admettrez. Comment administrer ce mélange à la
patiente, sans trop la dégoûter ?
Ici, les
instructions de la direction manquent ! Les monitrices procèdent comme elles
peuvent. Celles dont le cœur compatit, divisent la cuillère à café pleine
d’amertume en trois ou quatre portions, couvrent chacune d’un peu de compote ou
d’un aliment mixé et la donnent à avaler, plus ou moins habilement, selon ses propres
capacités.
Les
nouvelles venues entendent, parfois, l’ordre de donner « la poudre dans la
compote » littéralement, fabriquant un mélange de médicaments broyés et d’une
compote, augmentant ainsi la quantité « d'amertume » et le temps de
consommation, donc la souffrance inutile de la patiente.
J’ai demandé
plusieurs fois qu’au moins, on donne les remèdes l'un après l'autre, sans les
mélanger, car personne n’a étudié au préalable si ces mélanges ne produisent pas
d'effets secondaires. La direction me répond : « Les monitrices n’ont
pas le temps ». Comme si le mélange passe plus vite !
Mais pourquoi
la poudre ? Marie avalait toujours bien les comprimés et les pilules !
Justement, son problème est qu’elle ne mâche pas suffisamment. Il y a deux ans
encore, on s’amusait à donner à Marie tous les comprimés à la fois, dans une
cuillère à soupe. Hop-là ! Bravo !
Jusqu’au
jour où Marie a avalé de travers. La réaction était brutale, la reforme
radicale : désormais, broyer tout !
Le principe
de précaution s’affola. D’une extrémité on saute dans l’autre, en flagrant
amateurisme. Les aliments, on les mixe aussi, tous !
Cependant, il
existe une façon intelligente d’administrer les médicaments à Marie Bokov qui
avait été testée avec succès.
Au mois de
janvier 2014, Marie a été ramenée d’urgence, avec un érysipèle précédé par des
escarres, à l’hôpital de Verneuil sur Avre. Sa mère et moi-même, nous y avons
passés quelques jours et nous pouvions observer un travail de professionnelles.
L’infirmière
préparait une gelée et en mettait un peu dans la cuillère à café ; sur ce
monticule, elle posait un comprimé ou une gélule ; Marie avalait ça,
parfaitement !
Émerveillé,
je dis :
– Que
vous le faîte bien ! Oh, si vous pourriez venir à l’Arche pour faire la
démonstration ? Partager votre savoir faire ?
– Oh, non,
Monsieur, on ne peut pas ! Chaque établissement a ses règles…
Un kilomètre
entre l’Arche et l’hôpital restera infranchissable, même en France civilisée.
On continue
à faire manger Marie, trois fois par jour, un mélange amère préparé exprès.
Sans aucune
conclusion scientifique que ce mélange ne produise pas d'effets secondaires.
Sachant que
le plaisir du palais est presque le plus important dans la gamme des plaisirs
de la vie qui reste encore à un handicapé.
Si je dis
que Marie est devenue dépressive, que ses crises de colère et d’angoisse
correspondent, chronologiquement, au broyage systématique des médicaments depuis
2010, que d’une fille gaie et coopérant elle est devenue triste et silencieuse,
l’administratrice répond que c’est « une évolution normale de son
handicap ».
Mon
hypothèse est plus sérieuse : l’amertume administrée régulièrement à
quelqu’un, trois fois par jours et sans congé, constitue en soi un traitement
contraire d’une médecine humaine.
Il est temps
d’arrêter cet amateurisme déplorable à l’Arche de Verneuil sur Avre (Eure), à
deux pas de l’hôpital où on sait bien faire les choses. Pourquoi la directrice
et l’infirmière de l’Arche n'y passeraient pas un temps nécessaire, pour
acquérir cette technique, pour l'enseigner ensuite aux monitrices?
Il faut
arrêter cette maltraitance.