Résumé du discours de Nicolas Bokov au centre des handicapés de Verneuil-sur-Avre/ Saint-Ouen d'Attez (Eure)
lors de la réunion des parents et de l'administration le 22 juin 2013
I have a dream…
Martin Luther King
"J'ai
un rêve", disait Martin Luther King, le combattant célèbre contre la ségrégation raciale aux États-Unis.
Moi
aussi, ici en France, j'ai un rêve que je veux partager avec vous.
Le
nouveau bâtiment du Centre
sera terminé dans quelques mois. Nous avons entendu l'administration parler de
ses efforts et des problèmes financiers. Il n'est pas facile de construire ce
nouveau cadre de vie! Je pense aussi aux efforts des monitrices qui s'occupent
des nos enfants privés de l'usage normale de leurs membres et par suite,
prisonniers de leurs handicaps.
Leur
existence va s'organiser dans ce nouveau cadre. Il nous revient de le rendre plus doux, plus humain. Le remplir
de tendresse autant que nous le
pouvons.
Je rêve
que, venant voir ma fille, m'approchant de l'entrée, je rencontre tout de suite
un signe de la vie campagnarde, – une petite niche avec un petit chien devant,
qui manifeste déjà sa bonhomie. Il n'aboie pas trop, car il comprend sa
responsabilité; les équipiers de l'émission TV " 30 millions d'amis
" très appréciée par les handicapés, m'assurent qu'il existe des chiens
dociles et silencieux.
Deux
chats ont le droit d'entrée à l'établissement, et ce n'est pas beaucoup pour les 35 résidents y
habitant en permanence. Ce sont des chats de la campagne, habitués à faire
leurs besoins dehors et n'ont donc pas besoin de
litière.
Dans le
hall d'entrée ou dans la cantine, un aquarium luit mystérieusement, ses
bulles d'air et les mouvements lents et apaisants des poissons proposent sa thérapie silencieuse.
Dans un
autre lieu commun, on entend, par contre, le pépiement d'un couple
d'inséparables qui s'offrent en spectacle à
tout moment, prêts à partager le moment de tristesse ou d'angoisse d'un tel ou
telle, prisonnier de son corps mutilé.
Ni une
séance à la piscine ni une sortie au cinéma ne peuvent remplacer
l'accompagnement au quotidien par les animaux: car ceux-là ne s'ennuient pas
avec les handicapés et les handicapés, eux, peuvent prendre des initiatives
relationnelles!
Apportons
ces éléments dans la vie de nos êtres chers, beaucoup d'entre vous les
possèdent déjà à votre domicile, mais vous, vous les refusez aux habitants du
Centre des handicapés. Ne voyez-vous pas que leur déclin physique et moral
accéléré est dû en partie à cette soif de présence d'êtres vivants, et pas
nécessairement au vieillissement que vous avancez, avec une bonne dose de
perfidie, comme cause?
La
situation s'aggrave: jusqu'à présent, les handicapés avaient le droit de 55
jours de permission par an; désormais, ils n'auront que 35 jours. Il faut
résister au cynisme du pouvoir!
Quant à
notre fille, nous avons déjà perdu cette possibilité: la sécu a cessé
depuis longtemps d'assurer le déplacement des handicapés au domicile des
familles, et nous ne pouvons, physiquement, le faire.
Je
rêve… d'une vie plus humaine pour les handicapés en France.
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