Saturday, July 06, 2013

Résumé du discours de Nicolas Bokov au centre des handicapés de Verneuil-sur-Avre/ Saint-Ouen d'Attez (Eure)

lors de la réunion des parents et de l'administration le 22 juin 2013 


                                                      I have a dream… 
                                                                     Martin Luther King
"J'ai un rêve", disait Martin Luther King, le combattant célèbre contre la ségrégation raciale aux États-Unis.   
Moi aussi, ici en France, j'ai un rêve que je veux partager avec vous.
Le nouveau bâtiment du Centre sera terminé dans quelques mois. Nous avons entendu l'administration parler de ses efforts et des problèmes financiers. Il n'est pas facile de construire ce nouveau cadre de vie! Je pense aussi aux efforts des monitrices qui s'occupent des nos enfants privés de l'usage normale de leurs membres et par suite, prisonniers de leurs handicaps.
Leur existence va s'organiser dans ce nouveau cadre. Il nous revient de le rendre plus doux, plus humain. Le remplir de tendresse autant que nous le pouvons.
Je rêve que, venant voir ma fille, m'approchant de l'entrée, je rencontre tout de suite un signe de la vie campagnarde, – une petite niche avec un petit chien devant, qui manifeste déjà sa bonhomie. Il n'aboie pas trop, car il comprend sa responsabilité; les équipiers de l'émission TV " 30 millions d'amis " très appréciée par les handicapés, m'assurent qu'il existe des chiens dociles et silencieux.
Deux chats ont le droit d'entrée à l'établissement, et ce n'est pas beaucoup pour les 35 résidents y habitant en permanence. Ce sont des chats de la campagne, habitués à faire leurs besoins dehors et n'ont donc pas besoin de litière.
Dans le hall d'entrée ou dans la cantine, un aquarium luit mystérieusement, ses bulles d'air et les mouvements lents et apaisants des poissons proposent sa thérapie silencieuse.
Dans un autre lieu commun, on entend, par contre, le pépiement d'un couple d'inséparables qui s'offrent en spectacle à tout moment, prêts à partager le moment de tristesse ou d'angoisse d'un tel ou telle, prisonnier de son corps mutilé.
Ni une séance à la piscine ni une sortie au cinéma ne peuvent remplacer l'accompagnement au quotidien par les animaux: car ceux-là ne s'ennuient pas avec les handicapés et les handicapés, eux, peuvent prendre des initiatives relationnelles!  
Apportons ces éléments dans la vie de nos êtres chers, beaucoup d'entre vous les possèdent déjà à votre domicile, mais vous, vous les refusez aux habitants du Centre des handicapés. Ne voyez-vous pas que leur déclin physique et moral accéléré est dû en partie à cette soif de présence d'êtres vivants, et pas nécessairement au vieillissement que vous avancez, avec une bonne dose de perfidie, comme cause?
La situation s'aggrave: jusqu'à présent, les handicapés avaient le droit de 55 jours de permission par an; désormais, ils n'auront que 35 jours. Il faut résister au cynisme du pouvoir!
Quant à notre fille, nous avons déjà perdu cette possibilité: la sécu a cessé depuis longtemps d'assurer le déplacement des handicapés au domicile des familles, et nous ne pouvons, physiquement, le faire.   
Je rêve… d'une vie plus humaine pour les handicapés en France.

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